La passion, c'est con
Ce midi, France TV titrait sur un gars qui est passionné du Titanic. Je sais, pour une fois que ce n’est pas une information anxiogène, je devrais déjà m’estimer satisfait. Mais vous avez sans doute vu comme moi les reportages sur les fans de tel idole qui collectionne tout sur leur star préférée, ou les gens qui ont une collection qu’ils étalent dans toute leur maison.
Ma conscience étant là pour analyser les pensées superficielles, je me dis que nous avons tous des passions dévorantes, qui nous envahissent et nous donnent le sentiment de remplir notre vie, d’exister, d’avoir un objectif concret à poursuivre. Et j’imagine bien que ma passion, aux yeux des autres, elle ne vaut pas tripette. Elle me prend les tripes, remplit ma tête, elle me donne le sourire. Je conçois donc bien que la personne qui traverse la france pour récolter des montres de collection ou des pin’s elle a le même sourire, la même rage d’aller au bout. Et pourtant, elle aura probablement la même incompréhension, la condescendance en moins, que moi sur mon goût pour les jeux.
N’empêche que c’est con, ce besoin d’accumuler, de faire le tour de la question. Est-ce un stigmate du capitalisme, cette frénésie d’appropriations masqué par une cause plus noble, plus grande, plus excitante ? Plus j’essaie de vivre ma passion avec moins de possession, plus elle me sussure à l’oreille d’acquérir, d’engendre, d’accumuler. Je n’en ai jamais assez. Mon temps de vie file dans cette activité, qu’on qualifie à raison de dévorante. Sur l’instant, j’ai l’impression d’avoir passé un bon moment, mais ensuire, à mesure que les mois passent, je vois toutes les cases de l’agenda bloquées sur une seule obsession. J’ai comme un doute sur l’apport de bonheur que ça m’a procuré. Alors je m’accroche pour passer la seconde vague.
Après la collection, il y a la réputation. Lorsqu’on a une passion, et qu’on y passe un temps certain, un budget certain, il faut se justifier. L’argument massue arrive bien vite : l’expertise. On y passe les journées, mais ca vaut le coup : on connaît tout du sujet. On peut en parler des heures à qui veut bien l’entendre. Dès qu’un autre passionné du même sujet arrive dans notre pré carré, c’est le combat de coqs, on lui tourne autour à coup de questions, pour savoir s’il est aussi accro que nous, et on renchérit sur lui pour montrer qu’on en a sous le pied. Parce que l’idée d’un investissement aussi grand pour être juste un gars lambda nous est insupportable.
Les années passent, les manques subsistent. Souvent, je suis passé à côté de ma famille, d’expériences, de plaisirs simples pour assouvir ma passion. Cette excitation de m’y adonner, seul ou à plusieurs, n’a pas comblé le vide que j’avais en moi, au contraire, je lutte pour ne pas culpabiliser d’y avoir gâché autant de temps. J’ai beau voir que d’autres aficionados du jeu arrivent à s’épanouir, à vivre leur plaisir au quotidien sans trop se poser de questions, j’ai du mal à accepter ce trait de ma personnalité. Je repense à ces gens qui collectionnent les pin’s ou les objets collector du Titanic. Méchant, je le suis, encore que je garde mes sentiments pour moi ; mais je ne veux pas leur ressembler. Un passionné s’englue dans son obsession, il pense que le monde lui appartient et qu’il est à sa juste place, mais il ne fait que grossir les rangs d’une communauté à la pertinente toute relative.
Que voulez-vous, dans ma jeunesse, le geek était considéré comme un suicidaire qui s’ignore, grâce à Mireille Dumas et Jacques Pradel. Pendant les années 80, les jeux de simulation étaient délicieusement underground, faisaient rentrer dans un entre-soi dont les ados raffolent. Maintenant que la fantasy a pignon sur rue et fait des milliards au box-office, j’imagine que les ados trouvent bien d’autres échappatoires pour se sentir différent et en groupe. Il y a dans chaque passionné une parcelle de cet ado rebelle qui veut d’un coup avoir son activité à lui, même si ses parents lui disent que c’est con, qu’il gâche sa vie, son argent dans des futilités.
Maintenant que je suis papa, je suis capable de m’auto-dire ce genre de trucs. De me punir, de m’auto-flageller. De me suggérer de me trouver des activités un peu plus sérieuses. Maintenant que j’aborde la vieillesse, j’ai peine à avoir encore besoin de ces vieilles béquilles pour aimer la vie du bout d’une lorgnette qui sent fort la naphtaline. Il faut dire que c’est moins drôle lorsqu’on s’aperçoit qu’on a pas la réputation qu’on pensait avoir, que d’autres en ont bien plus, parce qu’ils sont plus passionnés, parce qu’ils se posent moins de questions. Parce qu’ils ne regrettent pas leur investissement.
J’ai commencé par acheter moins, ne plus acheter par nostalgie ou par esprit de collection. Acheter d’occasion quand c’était possible, et revendre dès que je n’utilisais plus. Au final, plus je réduis, et plus je m’aperçois que c’est encore trop. J’ai presque tué la facette consumériste de la passion, mais ça craque en moi. Je m’interroge sur mes envies, je m’aperçois que sans consumérisme, peut-être que je ne suis plus du tout passionné. Je me remotive, en me disant que je devrais réussir à rester passionné différemment, frugalement, en création les fruits de ma propre passion.
Quand j’étais jeune et dans l’âge de faire le tour des stands, j’avais flashé pour un éditeur dont le slogan était : “D’une passion, nous en avons fait un métier”. C’est dire si ca m’aura poursuivi toute ma vie. C’est dire si j’ai encore du travail pour me remplir la tête et le coeur différemment.
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Résister aux sollicitations
Hier, je suis tombé sur ce lien sur Gamefound. Avec des commentaires dithyrambiques et une expérience importante dans la création de tables de jeu, la campagne de Rathskellers avait de quoi séduire tous ceux qui ont besoin d’une table et qui ont les finances pour se le permettre. Un de mes auteurs préférés, Chris Boelinger, y mettait même son petit encouragement. Par chance, la campagne avait pris fin il y a deux ans.
Neige en avril, soyons fébriles
Alors que la neige tombe pour le 1er avril, paralysant comme de coutume les routes, le prétexte pour révasser est là : on regarde les flocons tomber… Je repense à mon précédent article, et je me dis : et si jamais cette fois c’était la bonne, si j’arrêtais d’acheter pour de bon ?
Ma répulsion pour le Geek Bourgeois
Je sais depuis longtemps que “Plus on a des revenus élevés, plus on émet de CO2, et il est possible d'établir une relation entre le niveau de revenu et le niveau d'émission.” Tandis que la population s’apprauvrit et tente donc de survivre avec ses moyens, à partir de la classe moyenne, c’est autre chose. Notre conditionnement au consumérisme fait que dès que nous avons plus de possibilité de dépenser, nous le faisons. Depuis quelques années, j’ai fait le choix d’essayer de gagner moins.
Soyons techno-optimistes !
Puisque les gens commencent à trembler les rapports du GIEC, ils veulent des sites qui limitent leur empreinte carbone. Pendant que les pros de la low-tech hébergent leur site grâce à un panneaux solaire, les portails vidéo font exploser la consommation énergétique d’internet, augmentant la responsabilité du secteur dans les émissions de gaz à effet de serre autour des 10% (selon les chiffres, selon les années). En tant que développeur en informatique, je cherche donc des hébergeurs green green green. Carbone négatifs, ose-t-on écrire de nos jours.
La quadrature de la décentralisation
Tristan Nitot (@nitot@framapiaf.org) effectue des condensés hebdomadaires riches en informations de qualité. Une fois n’est pas coutume, en suivant un lien puis un autre, je suis tombé sur un article sur lequel je me permis ci-dessous de rebondir.
Quelle est la valeur d'un livre d'occasion ?
La seconde main est maintenant dans toutes les consciences.
Elle a explosé pendant la crise sanitaire. Si vous voulez vendre vos livres, les marketplace d’Amazon, Rakuten ou de la FNAC vous tendent les bras, Vinted, Ebay ou leboncoin vous permet de remettre en main propre, Facebook a aussi son petit coin vente qui marche du tonnerre, ou alors vous avez des applications spécialisées comme Momox ou Bourseauxlivres.
Jeux : le consumérisme dépasse la raison
Si les jeux de société passent encore par des maisons d’édition, celles-ci évoluent dans un marché très concurrentiel qui les oblige à limiter les risques financiers. Elles ont alors massivement recours au financement participatif. Le grand perdant de ces nouveaux cycles de ventes, c’est le test de jeu.
Le chemin de compost-TEL
Depuis plusieurs années, l’expérience du serveur solaire de LowTech Magazine m’interroge. En tant que professionnel du web d’abord, dois-je adapter les sites et applications pour qu’ils soient déconnectés un certain nombre d’heures par jour ? En tant qu’utilisateur ensuite, est-ce que les habitudes que nous avons pris à surfer à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit vont-elles se faire rattraper par la crise climatique ? David Bruant relançait ce sujet passionnant dans un message de microblogging voici quelques jours.
Qui suis-je ? (CV)
François-Xavier Guillois
Salut !
Présentation éclair : haut-savoyard de 47 ans, je suis développeur en informatique depuis l’an 2000, spécialisé dans le web et l’open-source. Après avoir travaillé dans plusieurs agences et plusieurs équipes de développeurs, je suis à mon compte depuis quelques années. Je cherche à travailler moins mais mieux. J’aime jouer, lire, réfléchir, marcher et contempler.
Vous voulez en savoir plus ?
Accueilli dans la grande équipe de C: (Canal Plus), j’ai embrassé mon métier de coeur, le développement de sites internet, le 1er janvier 2000. J’ai également du choisir entre l’open source (php) ou les produits propriétaires (asp) à cette époque). J’ai travaillé dand le domaine de la télé jusqu’à l’explosion de la bulle internet. J’ai alors fait une formation à l’AFPA pour valider mes acquis, avant de partir pour la Haute-Savoie.
Dans ce département limitrophe à la suisse, j’ai travaillé pour plusieurs agences, qui m’ont appris à travailler avec les clients, et à connaître leurs difficultés lorsqu’il faut comprendre mon métier. J’ai également travaillé dans des équipes de développeurs ultra-compétents pour assurer la haute-disponibilité des applications internes. #php #javascript #css #frameworks #experience
Certains ambitionnent leur carrière comme un salaire en constante évolution. Pour ma part, continuer à faire mon métier avec passion tout en améliorant mon cadre de vie me comble de satisfaction. #indépendant #télétravail #choisirsesclients #startup
Je continue à me former sur d’anciennes technologies qui ont le vent en poupe (#javascript, #python) ou des nouvelles technologies bientôt incontournables (#rust, #docker). Je consacre de plus en plus de temps à la participation à des projets libres, notamment liés au #fediverse.
Je joue aux jeux de simulation depuis mon adolescence. J’ai accompagné des éditeurs comme Oriflam ou des sites rédactionnels comme Game One ou Ludovox, j’ai monté avec Gael Malry la web radio Secteur 51 (24h/24 7j/7) et je continue de suivre l’actualité de l’imaginaire.
J’ai travaillé pour eux
- A Game One, j’ai mis en place le premier site internet de la chaine, et été acteur de la refonte dans laquelle je suis devenu responsable éditorial. En plus d’être pigiste et community manager, j’ai créé plusieurs émissions vidéo diffusées exclusivement sur le web (2000-2001).
- A C set ID j’ai été responsable de production pour un parc avec des centaines de sites, et j’ai fait le lien entre les donneurs d’ordre et les équipes en sous-traitance sur l’île Maurice. J’ai travaillé avec et rencontré de nombreux clients dans les Savoies et en Suisse romande. Le travail avec les professionnels m’a vraiment appris beaucoup sur ma région et sur les métiers (2014-2016).
- A TechVitam, j’ai assuré le role de directeur technique pour superviser le développement d’un produit disponible à la fois sur le web et en application sur les stores, basé sur les technologies javascript du moment (NuxtJs, React Native). Nous avons également mis en place un déploiement automatisé avec notre partenaire hébergeur (2020-2021).
- A SmartLockers, je participe à la construction d’une architecture pérenne pour le déploiement de casiers connectés complètement sur mesure, fournie avec une API et une administration personnalisée. Je travaille en collaboration avec des développeurs QT et une agence web qui assure le pérennité des données en Laravel/MySQL (2021-2022).
Bibliographie
- L’ombre du Héros (co-auteur) – Deuxième ouvrage pour la campagne Archipels, chez Oriflam
- Carnets de Voyages (co-auteur) – Présentation de l’univers d’Archipels, chez Oriflam
- Le Manuel du Héros (participation) – Supplément de règles pour Archipels, chez Oriflam
- Destin des Arkonautes (co-auteur) – Suite de la campagne Archipels, chez Oriflam
- Brain\Waste (auteur) – Supplément univers pour Post-Mortem, chez Oriflam
Me contacter
Vous pouvez m’écrire par email sur pro@fxguillois.email, me trouver sur GitHub, ou voir ma page LinkedIn. Je ne suis pas actuellement à l’écoute du marché. Vous pouvez retrouver mes projets personnels dans la signature de ce blog. Mes thèmes : #jeux #informatique #minimalisme #spiritualité
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